Décrypter le code pour débloquer des capitaux privés pour les mini-réseaux solaires : rendre les investissements moins risqués

Décrypter le code pour débloquer des capitaux privés pour les mini-réseaux solaires : rendre les investissements moins risqués

Le dernières données sur l’ODD 7 dresse un tableau frustrant : pour la première fois depuis une décennie, les progrès en matière d’accès à l’énergie se sont inversés, la croissance démographique dépassant les nouvelles connexions. Rien qu’en Afrique subsaharienne, 570 millions de personnes vivent sans accès à l’électricité, soit trois millions de plus qu’en 2021. 1.18 milliard de personnes dans le monde vivent toujours dans la précarité énergétique , soulignant la nécessité de regarder au-delà des connexions vers l’accès à l’énergie, pour inclure la qualité, la fiabilité et l’abordabilité. Ces chiffres soulignent le besoin urgent d’interventions ciblées et d’un financement accru pour combler le fossé entre zones urbaines et rurales et le sous-investissement dans les infrastructures énergétiques dans de nombreux pays africains.

Dans le cadre de l’ODD 7, les pays se sont engagés à œuvrer en faveur d’un accès universel à l’électricité d’ici 2030. Compte tenu des tendances actuelles et de l’écart grandissant en matière d’accès, cet objectif semble désormais presque inaccessible. Pour se remettre sur la bonne voie, les gouvernements nationaux et la communauté internationale doivent trouver un moyen de canaliser les fonds là où ils sont le plus nécessaires, et le plus rapidement possible. Ces dernières années, il a été reconnu que les énergies renouvelables décentralisées avaient le potentiel d’électrification d’une partie importante de la population non électrifiée de l’Afrique subsaharienne d’ici 2030, notamment dans les zones rurales. Toutefois, les progrès ont été lents en raison des investissements importants requis, qui sont entravés par la perception de risques élevés, l’incertitude politique et l’insuffisance des infrastructures. Malgré ce potentiel, nous sommes encore loin d'atteindre le 30 milliards de dollars d'investissements annuels prévus . Le secteur privé devrait jouer un rôle crucial pour combler cet écart, mais les investissements sont à la traîne en raison de ces risques, ce qui entraîne des coûts de financement élevés et des tarifs inabordables pour de nombreuses communautés.

La situation est particulièrement difficile pour les mini-réseaux qui, en tant que technologies basées sur les infrastructures, dépendent fortement d’un environnement stable, prévisible et favorable. Par conséquent, les mini-réseaux sont confrontés à des obstacles importants au développement du marché, à l'investissement financier et à l'acceptation sociale par rapport aux systèmes autonomes, qui appartiennent au secteur privé et moins dépendants de la stabilité institutionnelle. Par conséquent, le succès des mini-réseaux renouvelables dépendra largement de mesures efficaces de réduction des risques et d’une coordination renforcée entre les secteurs public et privé.

DREI : Un cadre pour réduire les risques liés aux investissements dans les énergies renouvelables

Pour relever ces défis, le PNUD et l'ETH Zurich ont développé un cadre pour aider les décideurs politiques à relever les risques perçus par les investisseurs privés dans les investissements dans les énergies renouvelables sur les marchés émergents. Le Cadre de réduction des risques pour les investissements dans les énergies renouvelables (DREI) est une théorie et une méthodologie innovantes du changement pour aider les gouvernements à sélectionner des ensembles d'instruments publics pour promouvoir l'investissement privé dans les technologies d'énergies renouvelables. Ces ensembles comprennent des instruments politiques destinés à faire face aux risques systémiques, des instruments de réduction des risques financiers qui transfèrent les risques du secteur privé vers le secteur public, et des incitations financières directes pour récompenser les investisseurs disposés à assumer les risques résiduels qui entravent souvent l'investissement. En fin de compte, le DREI soutient les décideurs politiques en fournissant une analyse structurée qui démontre comment chaque groupe de parties prenantes du secteur influence les risques des investisseurs et présente des stratégies pour faire face à ces risques.

Nous avons maintenant testé le cadre DREI et l’avons appliqué aux mini-réseaux alimentés par batteries et solaires photovoltaïques dans plusieurs pays. Voici quelques exemples de la manière dont le cadre DREI contribue à combler le fossé entre les secteurs public et privé pour stimuler le déploiement et l’expansion des mini-réseaux solaires :

1. Élaborer des plans d’action pour réduire les risques. Récemment, le PNUD a soutenu Burkina Faso, Mali, une parure de bijoux de mariage ou des Niger dans l’application du cadre DREI pour élaborer des plans d’action spécifiques aux pays. Ces plans décrivent les principales activités de réduction des risques, identifient les parties prenantes à impliquer et fournissent des estimations initiales des coûts pour la mise en œuvre des instruments de réduction des risques. Cet effort de collaboration, validé par des ateliers avec les parties prenantes et approuvé par deux des trois directions de l'énergie, a ouvert la voie à un engagement accru du secteur privé.

2. Faciliter le dialogue public-privé. Au Burkina Faso, une analyse a révélé que les risques numériques entravent considérablement la surveillance à distance pour les développeurs de mini-réseaux. Pour faire face à ce risque, le PNUD a facilité les discussions avec les entreprises de télécommunications afin d'étendre leur portée rurale, d'améliorer les capacités de surveillance et d'explorer les télécommunications comme charge d'ancrage pour les mini-réseaux. Cette collaboration souligne l’importance des efforts coordonnés public-privé pour atténuer les risques et soutenir le déploiement des mini-réseaux. Le cadre DREI répond aux défis immédiats et aide à définir une voie vers des solutions énergétiques durables dans les régions mal desservies.

3. Éclairer la politique nationale d’électrification. Les plans d’action de la DREI ont souligné la nécessité cruciale de stratégies nationales d’électrification. Avant novembre 2023, le Burkina Faso ne disposait pas d’une stratégie globale, ce qui entraînait des risques importants pour le marché de l’énergie en raison du rôle flou des mini-réseaux. L’engagement des parties prenantes a révélé que cette absence constituait un obstacle majeur. L'adoption d'un plan d'action DREI par la direction de l'énergie du Burkina Faso a marqué un tournant, facilitant le développement d'une stratégie d'électrification rurale et soulignant l'importance de la planification et de la coordination stratégiques pour relever les défis énergétiques et attirer les investissements dans les mini-réseaux.

Sous Programme de mini-réseaux africains du PNUD , des analyses similaires sont prévues pour 21 pays afin d'identifier les interventions potentielles et les actions nécessaires pour réduire les risques perçus liés aux investissements dans les énergies renouvelables. Ces efforts alimentent les dialogues nationaux prévus dans les pays AMP sur les questions clés qui doivent être abordées entre les secteurs public et privé pour faire progresser le secteur des mini-réseaux solaires. En mettant en œuvre le cadre DREI dans ces pays, nous visons à contribuer à transformer le paysage des investissements dans les mini-réseaux, à réduire considérablement les risques et à catalyser le flux de capitaux privés vers le secteur. Notre objectif est d’accélérer les progrès vers l’accès universel à l’énergie en démontrant que des efforts stratégiques et bien coordonnés peuvent effectivement débloquer des capitaux privés pour les mini-réseaux solaires et, à terme, améliorer la vie de millions de personnes.

Cet article a été initialement publié sur undp.org dans Anglais et de Français.